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simon roguet - Page 6

  • Mon carnet de voyage à Londres (M. Jaubert - E. Bonetto) - chronique de Simon #78

    carnetdevoyage.jpgMon carnet de voyage à Londres

    Marica Jaubert / Eglantine Bonetto
    coll Jo & Moi autour du monde, Sikanmar - 14,90 €

    Pendant fort longtemps, on ne peut pas dire qu’en tant que libraires, nous fûmes envahis par les documentaires sur la géographie européenne. Trop rapidement obsolètes surement ou tout simplement compliqués à réaliser, on peut dire que les éditeurs français n’étaient pas très inspirés par nos proches voisins, en tout cas beaucoup moins que sur l’Afrique, l’Asie ou même l’Australie… L’Europe ne faisait-elle pas rêver ? Heureusement nous vivons dans un monde éditorial formidable et depuis quelques temps, on peut – partiellement – trouver dans nos rayonnages quelques-uns de ces pays présentés. Mais comme nous ne sommes pas tout à fait saturés encore de ce genre de livre, saluons ici l’initiative d’un jeune éditeur qui se lance courageusement dans cette aventure : les éditions Sikanmar. Ils viennent de créer avec la collection Jo & Moi autour du monde une collection de documentaires autour de villes européennes. SIKANMAR-jo-et-moi-autour-du-monde-page.jpgPlus que de simples documentaires, ce sont d’ailleurs de vrais carnets de voyage que nous propose cet éditeur à travers ces deux premiers ouvrages sur Londres et Paris. Jeux, carnets de dessins, préparation au voyage ou livre d’activités, ces ouvrages faciles à manipuler seront le compagnon idéal de vos enfants lors de vos visites dans les plus grandes villes européennes. D’autres titres doivent suivre prochainement. Et c’est une très bonne idée…

    Sikanmar-Jo-et-moi-autour-du-monde-rue.jpg

  • Polo à la recherche de Lili (R. Faller) - chronique de Simon #77

    alarecherche.jpgPolo - À la recherche de Lili

    Régis Faller

    Bayard jeunesse - 13.90 €

    Chaque nouvel album de Polo est un plaisir non dissimulé. C’est donc avec beaucoup de bonheur que nous accueillons cette nouvelle aventure du petit chien malin. Cette fois-ci, Polo va partir à la recherche de son amie Lili. Il va alors, comme il a pris l’habitude, vivre des aventures assez fantastiques pour la retrouver. Que dire de plus ensuite, si ce n’est que le résultat est tout simplement superbe.

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    La force des albums de Régis Faller repose sur leur simplicité et leur efficacité. Sans textes ni bulles, les aventures de Polo, pourtant découpées en cases de bande-dessinée, sont simples à comprendre, accessibles à tous et ont, en elles, une grande poésie et une grande liberté. Grâce à cela, on se laisse aisément porter par l’histoire. La lecture à deux s’effectue donc avec beaucoup de plaisir, comme une aventure inventée en commun dont la trame serait déjà écrite. On aime décidément Polo et nous vous conseillons cette expérience à vivre et revivre encore…

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    Toutes les images sont tirés du site de Régis Faller Chez Polo. Allez-y vite , c'est absolument fabuleux !!!

     

    Je vous conseille particulièrement les petits films d'animation et les jeux de Polo...

  • Souviens-toi de la lune (Stéphane Servant) - chronique de Simon #76

    4730266546_cd618d909b.jpgSouviens-toi de la lune

    Stéphane Servant

    Rouergue DoAdo Noir - 14 €

    Carrefour porte mal son nom. Ville fantomatique de la Louisiane, elle n’est que le carrefour d’alcooliques et de paumés. Dans ce sinistre paysage, vit David qui finit une formation de garagiste. Mais cette vie ne lui va pas. Le mobil-home miteux de son père, ses colères, cette ville misérable sans avenir, tout le pousse à partir ailleurs. Comme il écrit, il veut se consacrer pleinement à l’écriture, se faire publier et quitter Carrefour et sa morosité. Justement, au lycée, intervient une ancienne gloire de la littérature, Frank Lebreton, qui a connu un succès fulgurant il y a quelques années. David décide de lui montrer ses manuscrits mais se fait humilier par l’auteur devenu aigri. Peu après surgissent sur sa peau quelques écailles… Une chose prend peu à peu le contrôle du jeune homme et lui dicte les textes qu’il écrit. Toute la violence retenue du garçon semble alors s’exprimer à travers la voix de cette chose qui semble inarrêtable. À cet instant, le roman semble basculer vers le fantastique. Après on ne sait plus trop. Entre une réalité sociale devenue assez floue et un fantastique qui paraît réel, surgissent pèle-mêle meurtres, schizophrénie, enfermement, démence ou romance. Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur sans pouvoir se rattacher à un genre littéraire précis. Une chose est sûre en revanche : ce livre est absolument impossible à lâcher. La grande maîtrise littéraire de Stéphane Servant (déjà remarquée dans Guadalquivir 44249369_p.jpgparu chez Scripto Gallimard) fait le reste. La fin ne laissera sans doute pas indifférent – certains aimeront, d’autres resteront sur leur faim – en tout cas, tous devraient s’accorder à affirmer qu’on tient là un vrai bon roman pour ados et un acte littéraire ambitieux à défendre et à soutenir.

     

    Le blog de Stéphane Servant

     

    La couverture très très jolie de ce livre est signée par la photographe Dorothy Shoes

     

    Attention parution de ce roman : le 8 septembre

  • Le livre qui rend heureux (Tolman) - chronique de Simon #75

    Le livre qui rend heureux

    Marije & Ronald Tolman

    Milan jeunesse - 12 €

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    Du calme. Du calme et de l'apaisement. Voilà ce que l'on ressent quand on referme ce livre. Peut-être même une petite touche du bonheur si on y repense quelques instants plus tard.

    C'était pourtant annoncé dans le titre. Mais ayons l'honnêteté de dire qu'on n'y croyait qu'à moitié. On nous l'a déjà faite celle-là. Alors on ouvre le livre et on tourne les premières pages. Pas de texte. Il faut donc y revenir. Prendre le temps. Savourer un peu et s'y replonger de plus belle.

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    L'histoire nous pénètre peu à peu. Finalement peu importante quand on y songe. Un ours blanc trouve refuge sur un arbre perdu au milieu de l'océan. Un ours brun le rejoint peu de temps après. Puis tout un monde s'invite au fil des pages, les flamants roses, les hiboux, les pandas, le paon, l'hippopotame...  Au fur et à mesure des rencontres, les couleurs surgissent. Chaudes. Franches. Et pourtant douces. La palette de Marije Tolman puisque c'est elle qui signe la mise en couleurs de cet ouvrage est tout simplement fabuleuse. Elles accompagnent si bien les gravures de son père, Ronald Tolman.

    Cet album est une vraie invitation à la contemplation. Un moment un peu hors du temps à savourer presque en cachette. Pour ne pas être dérangé. Et puis non, finalement. C'est tellement mieux de le partager...

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    Cet ouvrage vient de remporter le Prix Fiction à la dernière Foire de Bologne.

    Puisqu'on vous dit que c'est bien !

     

  • J'ai quinze ans et je ne l'ai jamais fait (M.Lethielleux) - chronique de Simon #74

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    J'ai quinze ans et je ne l'ai pas jamais fait

    Maud Lethielleux

    éditions Thierry Magnier - 9 €

    Capucine, bonne élève, ado sans soucis, a les hormones qui la chatouillent. Elle veut connaître le grand amour et est persuadée que son prof d’histoire-géo en pince pour elle. Martin, lui est plus discret. C’est plutôt le gars qui ne parle pas en classe, pas vraiment motivé ni enthousiaste. Ce qui le fait vibrer, c’est la musique. Leur destin va subtilement se mêler dans cette histoire à deux voix.

    J'ai quinze ans... est un texte qui parle d'amour, d'adolescence et de rock. Maud Lethielleux ne tombe dans aucun des clichés propres à l'écriture sur l'adolescence. Elle parle avec sensibilité des premiers émois, des envies et des déceptions propres à cet âge. Ces personnages sont à la fois détestables et attachants et replongent le lecteur dans le trouble de cet entre-deux. Pas vraiment adultes, plus tout à fait des enfants, les ados de cette histoire nous donneraient presque envie d'y retourner... hum... Non, non, c'était une blague... En tout cas, ce premier essai en jeunesse donne très envie de lire les autres textes de Maud Lethielleux, publiés chez Stock. C'est fait pour ma part et ce n'est que du bonheur. Ces textes font du bien. Profitons-en...

     

  • Les sales histoires de Félicien Moutarde (F.Melquiot & R.Badel) - chronique de Simon #73

    51tqJOHd+QL._SL500_AA300_.jpgLes sales histoires de Félicien Moutarde T01 La naissance de Félicien Moutarde

    Fabrice Melquiot (texte) & Ronan Badel (illustrations)

    éditions L'Elan vert - 13 €

    Félicien Moutarde est tout simplement horrible : il est moche, il est méchant, il parle mal. C'est assez simple, il a à peu près tous les défauts du monde et pourtant on l'adore déjà. Sans doute la faute à Fabrice Melquiot et Ronan Badel les deux auteurs de cet étonnant et enthousiasmant personnage. Pourtant c'est vraiment un môme détestable, de ceux qu'on regarde du coin de l'oeil en se disant que ses parents n'ont pas de chance. Mais eux l'aiment bien, il faut dire qu'ils ne sont pas trop gâtés non plus. Félicien n'est que la somme de ses parents : la famille idéale en quelque sorte.

    Dans un format entre bande dessinée et roman, les auteurs nous invitent à suivre 4 aventures de Félicien qui nous l'espéront ne seront qu'une mise en bouche. Fabrice Melquiot a créé ce personnage comme il a pu créer celui de Bouli Miro (le héros de deux pièces de théâtre pour les enfants publiés aux éditions de l'Arche). Atypique et irrésistible, on se prend très vite d'affection pour lui, à l'image de personnages comme le petit Nicolas, Manolito (Elvira Lindo) ou Calvin (de Calvin & Hobbes). Ronan Badel s'est bien fait plaisir à illustrer ces aventures de manière très lachée et intuitive et cela se ressent.

    Le tout donne un très bel ouvrage, qui fait du bien dans ces temps de rigueur où l'humour noir et le non-politiquement correct ne sont pas toujours bien acceptés. A découvrir au plus vite !

  • La cérémonie d'hiver (Elise Fontenaille) - chronique de Simon #72

    40319.jpgLa cérémonie d’hiver

    Elise Fontenaille
    DoAdo Noir, Rouergue - 6,50 €

    Vancouver n’est pas que la ville des jeux olympiques d’hiver. C’est aussi la plus belle ville du monde. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Élise Fontenaille, l’auteur du roman La cérémonie d’hiver. On connaît tout l’attachement qu’elle porte à cette ville – elle y a vécu – qu’elle a déjà mise en scène dans son roman pour adultes Les disparues de Vancouver. Mais comme pour celui-ci, c’est une vision assez sombre de cette ville qu’elle nous transmet avec ce petit texte percutant.

    Eden est une jeune indienne qui vit dans une tour au 23e étage au milieu de la Réserve, là où vivent tous les indiens de Vancouver. Elle vit de son amour des rapaces et notamment grâce à Sky, un aigle qu’elle élève comme sa fille. Sa grand-mère Violett vient de mourir à sa sortie de prison, victime de sa liberté. Eden ne digère pas. Elle a besoin d’une vengeance, comme le veut la tradition…

    Ce texte court se révèle extrêmement percutant, comme un coup de poing venu de nulle part. L’intrigue est très bien mené et tient le lecteur en apnée jusqu’au dénouement, mystérieux et poétique. Un texte fort.

  • La vache tombée du ciel et autres faits divers (Michel Piquemal, Patrice Cartier & Bruno Salamone) - chronique de Simon #71

    9782226207111.gifLa vache tombée du ciel et autres faits divers

    Textes de Michel Piquemal & Patrice Cartier
    Illustrations de Bruno Salamone
    Albin Michel jeunesse - 7,50 €

    Pour tous ceux qui aiment les faits divers, les histoires un peu loufoques, les blagues tirées de la réalité, ce livre devrait vous plaire. Il présente de manière humoristique une petite collection des événements et faits divers les plus stupides et hallucinants. En vrac, on apprendra qu’un homme s’est retrouvé coincé plus de deux heures dans la cuvette des toilettes d’un TGV en voulant récupérer son portable, qu’un thaïlandais s’est enfermé depuis plus de trente ans dans sa chambre parce que ses parents n’ont pas voulu lui acheter une moto à 18 ans, qu’une trentaine de prisonniers kényans se sont enfuis quand un lapin a surgi dans la prison et que les gardiens ont décidé de faire une chasse improvisée…

    Autant d’informations totalement inintéressantes mais véritablement drôles qui permettront à chacun de se détendre un petit peu.

  • Agrippine la jeune (Audrey Guiller & Pénélope Paicheler) - chronique de Simon #70

    9782742787081.jpgAgrippine la jeune

    Texte de Audrey Guiller
    Illustrations de Pénélope Paicheler
    T’étais qui, toi ?, Actes sud junior - 7,80 €

    Un ton léger, des références historiques précises, des biographies décalées : voici l’objectif de cette petite collection nouvellement parue chez Actes Sud junior. Au programme des premiers volumes, Agrippine la Jeune, Charles de Gaulle et Léonard de Vinci. Cette collection dirigée par l’auteur Vincent Cuvellier permet une nouvelle approche de l’histoire par le biais de biographies romancées. Le lecteur rentre ainsi dans l’Histoire par de petites histoires… Pour cette première série, nous avons une petite préférence pour le récit de la vie d’Agrippine. Les deux auteurs Audrey Guiller (texte) et Pénélope Paicheler (dessins) nous offrent une biographie pleine d’humour et de rebondissements.

  • 10 petits insectes (Davide Cali & Vincent Pianina) - chronique de Simon #69

    dix_petits_insectes_couv.jpg10 petits insectes

    scénario : Davide Cali
    Illustrations : Vincent Pianina
    Sarbacane - 12,50 €

    Hommage à un grand classique de la littérature policière, bande dessinée complètement loufoque, incursion au pays des insectes débiles… cette bande dessinée est un peu tout cela à la fois.

    En prenant comme référence principale Les dix petits nègres d’Agatha Christie, les deux auteurs posent une stature littéraire à leur ouvrage. Mais très vite, ils prennent un virage radical en proposant un grand n’importe quoi exaltant et décalé qui donne toute l’originalité à cette BD. Les personnages principaux de cette histoire sont dix insectes, chacun au caractère bien tranché, qui n’ont comme point commun que de vouloir se rendre sur l’île de la Tortue. Chacun évoque une raison différente et le mystère commence. Qui les a convoqués ici ? Pourquoi disparaissent-ils les uns après les autres ? Qui est le coupable ?… toutes ces interrogations trouveront (ou pas) une réponse dans ce volume.

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    Le ton est résolument décalé, tout en humour noir et en blagues un peu bêtes réussies. Pour les fans, on retrouve vraiment l’ambiance du Commissaire Toumi d’Anouk Ricard paru chez le même éditeur. Au niveau graphique, Vincent Pianina choisit un dessin minimaliste qui colle parfaitement au scénario. Une vraie belle réussite.

  • Blog (Jean-Philippe Blondel) - chronique de Simon #68

    9782742789368.jpgBlog

    Jean-Philippe Blondel
    Romans ados, Actes sud junior - 10 €

    Décidément, l’écriture de Jean-Philippe Blondel ne se lasse pas de me prendre, me retourner et de me laisser sans voix, un peu en apesanteur. Depuis Accès direct à la plage, son premier texte publié en 2003, les textes de cet écrivain finalement assez peu connu ne cessent de me poursuivre et de me retrouver régulièrement. Le dernier ouvrage de cet ami lointain se nomme Blog et est paru dans l’excellente collection Romans ados chez Actes sud junior. Une couverture un peu racoleuse (bien qu’efficace), un début d’histoire un peu facile (un ado est dans une colère noire puisque son père a découvert le blog intime qu’il tient sur internet) puis rapidement l’écriture de Blondel reprend le dessus. Sans chichis, sans fausse poésie, sans qu’on s’en rende compte presque, on se retrouve embarqué dans cette chronique familiale. L’histoire est belle, les relations entre un père et son fils qui se renouent par l’intermédiaire de l’écriture, la distance qui s’est peu à peu installée à l’adolescence semble s’évanouir entre l’adulte qui a quitté ses rêves d’ado et l’ado qui devient jeune adulte. Ce texte est un formidable témoignage d’une vie somme toute assez banale. Peu d’actions exaltantes, pas de rebondissements explosifs, les textes de Blondel nous parlent de notre vie simplement, avec une grâce et une sincérité finalement assez rare.

  • Le worldshaker (Richard Harland) - chronique de Simon #67

    worldshakercouv1erPlan.jpgLe Worldshaker

    Richard Harland

    Hélium - 14.90 €

    Ahhhh ! Il est enfin paru... Cela faisait un bon bout de temps que je l'avais lu mais je ne pouvais en parler... Pas de critique avant parution...

     

    Qu'on se le dise tout de suite, ce roman est tout simplement excellent ! Du rythme, de l'aventure (de la vraie !), une belle écriture... tout est là pour que l'on suive avec une grande impatience les aventures du héros de cette histoire. Col Porpentine est celui-ci. Jeune garçon de 10 ans, son destin est tout tracé. Il doit succéder à son grand-père, le très impressionnant Sir Mormus à la tête du Worldshaker, le bateau-monde qui transporte depuis des lustres une communauté privilégiée. Tout en haut de ce navire, les classes aisées, dont fait partie Col : la vie tranquille et oisive, des centres d'intérêt un peu désuets (sorte de cour royale insipide) et une ambition pour chaque famille : monter le plus haut possible. Dans les cales, en dessous du niveau zéro, vivent les immondes, dans des conditions pitoyables, qui oeuvrent pour que le navire avance, dans la saleté, la chaleur et la proximité. Entre ces deux communautés, rien. Pas de passage, pas de contacts surtout. Ceux qui savent en disent rien. Surtout ne pas se mélanger. Surtout ne pas se rencontrer. Tout va changer quand Col découvre dans sa cabine Riff, venue malgre tous les dangers des Ponts Inférieurs...

    Ce texte se dévore. Se lit d'une traite sans reprendre son souffle. L'écriture est limpide et accessible aisément. Ce rythme et cette écriture m'a un peu fait penser à La déclaration de Gemma Malley. A la fois simple et efficace. On peut supposer qu'avec une telle réussite, d'autres textes de cet auteur australien à succès devraient arriver ces prochains mois. J'attendrai c'est sûr, parce que je n'ai pas le choix, mais avec impatience...

  • Cent culottes et sans papiers (Sylvain Levey) - chronique de Simon #66

    40092.jpgCent culottes et sans papiers

    Sylvain Levey
    jeunesse, éditions Théâtrales - 7 €

    Le théâtre contemporain français regorge de talents et d’auteurs – souvent méconnus du grand public – qui n’hésitent pas à écrire pour le jeune public. Le travail de certaines maisons d’édition y est sans doute pour beaucoup. C’est tout un travail de défrichage qui est effectué de très belle manière depuis des années. C’est ainsi qu’ont émergé des auteurs comme Fabrice Melquiot (éditions de l’Arche), Emmanuel Darley (Ecole des Loisirs) ou Joël Jouanneau (Heyoka) par exemple. Chez les éditions Théâtrales, on peut par exemple citer Sylvain Levey qui depuis plusieurs années déjà nous offre de très belles pièces pour enfants. Ouasmok, Alice pour le moment et quelques pièces dans des ouvrages collectifs le démontrent bien. Pour Cent culottes et sans papiers, Sylvain Levey ose une écriture plus ambitieuse, moins narrative avec un recueil de très courts textes proches de la poésie. S’appuyant sur une sorte d’inventaire des différents habits et de leur utilisation finalement assez futile, ces textes qui au début peuvent déstabiliser le lecteur prennent peu à peu sens et s’avèrent finalement éminemment politiques et sensibles. Par le biais de ce thème, Sylvain Levey traite sans aucune lourdeur de beaucoup de sujets d’actualité. On imagine déjà tout le travail qui pourra être fait avec ces textes dans des ateliers théâtre. Et quel plaisir alors de travailler sur des textes contemporains et remarquablement bien écrits.

  • Le survivant (Jeffry W. Johnston) - chronique de Simon #65

    9782844208019.jpgLe survivant

    Jeffry W. Johnston
    Traduction Jean Esch
    Editions Thierry Magnier - 11 €

    Chase est le seul rescapé d’un terrible accident de voiture. Plusieurs de ses amis y sont restés. Chase est évidemment choqué et a tout oublié de l’accident. Malgré ses efforts, sa mémoire ne veut pas revenir…

    Le scénario de base fait un peu cliché, mauvais film américain, je l’avoue. On se dit qu’il va retrouver la mémoire, qu’il commencera à oublier, que sa vie, même si elle est à jamais marquée par l’événement va finalement reprendre peu à peu. Cela aurait pu se passer comme cela. Fin de l’histoire. Heureusement ce livre est beaucoup moins simple et beaucoup plus intéressant que cela. Car au-delà de l’histoire de la mémoire, c’est le personnage lui-même de Chase qui est intéressant et fascinant. Sa relation avec ses parents, l’histoire de son frère, ses visites chez la psy, sa vie au lycée… Tout est prenant dans ce texte. Et finalement l’accident n’est pas le plus important dans l’histoire. Ce qu’il révèle est un choc. Un roman qui se lit d’une traite, sans reprendre son souffle et qui va bien au-delà de nos espérances.

  • Joyeux ornithorynque (Cécile Chartre) - chronique de Simon #63

    38691.jpgJoyeux ornithorynque

    Cécile Chartre
    Dacodac, Editions du Rouergue - 5,50 €

    Les éditions du Rouergue lance une nouvelle collection de romans qui s’adresse plutôt aux enfants qui lisent déjà bien, fin de primaire, début collège… Comme souvent chez le Rouergue, cette collection va essentiellement se constituer de créations originales en français. Parmi ces nouveaux titres, on découvre une nouvelle auteure : Cécile Chartre qui signe un premier roman réjouissant : Joyeux ornithorynque.

    Panique dans la famille. C’est le quarantième anniversaire de la mère de famille et tout le monde sait que c’est le pire jour de l’année à venir. Cette maman ne supporte pas les anniversaires et ce depuis ses quatre ans. Autant dire que la famille en a vu passer des 4 juin détestables. Pourtant, le père de la famille va une fois de plus tout tenter pour faire plaisir à sa femme. Une roue crevée plus tard et un soleil de plomb sur l’aire d’autoroute vide et tout annonce la catastrophe imminente. Mais Bilal et son vieux Combi passe par là et va offrir à la famille une aventure inespérée et réjouissante…

    Cécile Chartre signe un très beau premier roman, plein d’humour et de chaleur humaine. L’ouverture vers l’autre, le rapport à la famille, la différence sont autant de thèmes que l’on croise dans ce roman écrit avec beaucoup de finesse et de simplicité. Un très bel ouvrage pour une tranche d’âge qui ne regorge pas de textes en français très intéressants…

  • collection Tothème (gallimard jeunesse) - chronique de Simon #64

    21060274284.GIFLe Moyen Age

    Dimitri Casali, Antoine Auger

    collection Tothème - Gallimard jeunesse - 13,90 €

    Gallimard jeunesse est reconnu depuis de nombreuses années pour son travail autour des documentaires pour la jeunesse. Que ce soient pour ses coéditions internationales ou dans de vrais créations, cette édition fait office de référence dans ce domaine. Tothème est le nom de sa nouvelle collection et elle devrait prendre de l’importance assez rapidement car c’est assurément l’une des collections les plus modernes qui existent sur le marché et cela pour plusieurs raisons : L’iconographie est très variée et mélange des documents d’archive, des dessins mais aussi des images plus vivantes (extraits de jeux vidéos, de dessins animés) qui vont toucher plus directement le jeune public. La structure même du documentaire est aussi intéressante. Composé en familles (dates, lieux, chefs d’œuvre, rôle, …) chaque petit chapitre permet des lectures croisées et complémentaires. On peut lire ce documentaire par un système de renvois (comme un livre dont vous êtes le héros), on peut le lire sujet par sujet (grâce à l’index qui – bonne idée – se déploie en deuxième rabat) et on peut le lire également de manière plus linéaire et alternant les différents sujets… De quelque manière choisie, la lecture est très agréable et facilitée par des textes courts et simples. Ici, l’idée n’est pas de faire une thèse sur un sujet mais de proposer des repères efficaces pour l’enfant tout en gardant un aspect ludique. Les 4 premiers titres sortis ne sont pas si classiques que cela même si l’on reste sur des domaines bien souvent demandés (Moyen-Age, automobile, religions, environnement) et la collection devrait ensuite croître régulièrement.

    À l’heure du tout internet, cette collection prouve l’intérêt encore primordial du documentaire papier et devrait ravir bon nombre d’enfants et parents.

  • La vie commence de Stefan Casta (éditions Thierry Magnier) - chronique de Simon #62

    44880568_p.jpgLa vie commence

    Stefan Casta
    Traduction Agneta Segol
    éditions Thierry Magnier - 16 €

    Après Faire le mort, j’étais plus qu’impatient de voir à quoi ressemblerait le nouveau roman de Stefan Casta : La vie commence. Et je ne fus pas déçu. Cet auteur suédois, qui a reçu de multiples récompenses en Suède mérite une entière reconnaissance en France et de vrais succès en librairie.

    Tout comme dans son précédent roman, Casta décrit un moment de vie, un instant en suspens qui soudain va faire basculer la vie des personnages principaux. Dans Faire le mort, c’était la mise à tabac d’un jeune ado. Dans La vie commence, c’est l’arrivée d’une fille, étrange, décalée dans la vie du héros qui va tout changer…

    Véritable maître du « il se passe pas grand chose mais c’est super beau », Stefan Casta est un auteur qui parvient à décrire les sentiments et les relations humaines avec une grande précision, tout en retenue et en petites choses de la vie. Dans La vie commence, Victor habite dans une ferme paumée au fin fond de la Suède. Vivent avec lui, ses parents adoptifs, Brigitte l’ancienne cantatrice devenue une taiseuse, son père d’origine italienne mais plus suédois qu’un vrai suédois et Picco son chien, l’éternel compagnon de ses escapades. Puis arrive, cette fille, Esméralda, Louise, Alice ou peut-être Caroline – on ne sait pas bien comment elle s’appelle, qui va bouleverser le quotidien de cette famille. Avec sa folie, sa façon d’être et de vivre, ses douleurs et ses peurs, elle va retourner cette famille qui se croyait immuable. Pas grand chose de plus à raconter au niveau de l’histoire, l’intérêt de ce livre se trouve ailleurs : dans la qualité d’écriture, dans le cheminement lent mais important des personnages. Chaque détail est important, chaque petit moment incroyablement bien décrit. Une vraie belle performance d’écriture.

    Ce roman, pour ados et adultes, saura vous toucher comme il m’a touché je l’espère et vous faire découvrir ce très bon écrivain.

  • Popville de J. Sorman, A. Boisrobert et L. Rigaud (éditions Hélium) - chronique de Simon #61

    Popville2Blog.jpgPopville

    Joy Sorman, Anouck Boisrobert
    Illustrations : Louis Rigaud
    Hélium - 14,90 €

    Un premier livre, c’est souvent inachevé, intéressant mais un peu bancal, des fois à améliorer…

    Popville, créé et réalisé par Anouck Boisrobert et Louis Rigaud n’appartient pas du tout à cette catégorie. Ce livre animé (ou pop-up) est admirable de classe et de précision. Partant d’un simple église et de quelques arbres, les auteurs nous proposent un voyage dans le temps où, peu à peu, à force de travaux et de constructions architecturales, se construit la ville. Le principe est simple et la réalisation graphique est parfaite. Avec le relief du pop-up, la ville surgit page après page et donne parfaitement l’illusion de la densité et du foisonnement de la vie urbaine. L’illustration est très épurée et ne s’appuie que sur des teintes délicates au crayon de couleur. Toute la place est ainsi donnée aux reliefs qui sont créés par les animations. La ville gagne en hauteur et s’étend sur le territoire environnant. Rapidement tout l’espace du livre est rempli et l’on peut imaginer que ce n’est que le début.

    Tout autant que la surprise et l’émerveillement visuels procurés par le travail en relief, cette vision de la ville tentaculaire est vraiment intéressante et novatrice. Popville est un très bel ouvrage à découvrir au plus vite.

  • L'encyclo dingo de Klutz (éditions Tourbillon) - chronique de Simon #60

    couv-19-300x345.gifL’Encyclo dingo

    Klutz
    Traduction Nouannipha Simon
    Tourbillon - 19,95 €

    Vous avez toujours rêvé de lire l’avenir dans une chaussure, d’apprendre à siffler avec vos doigts ou de maintenir une balle de ping–pong en lévitation… Ce livre est donc pour vous. Dans ce dernier, on ne trouve pas d’apprentissages sérieux, pas d’histoire, ni de géographie, pas de sciences ni de sport, on apprend juste des choses sans importance, des trucs pour épater les copains ou pour faire de belles bêtises. Cette encyclopédie, qui s’apparente ainsi plus à un livre d’activités, sera donc le présent idéal pour tous ceux qui détestent l’Universalis…

  • Cinq mille kilomètres par seconde (Manuele Fior) - chronique de Simon #59

    cinq_mille_couv.jpgCinq mille kilomètres par seconde

    Manuele Fior

    éditions Atrabile - 19 €

     

    J'avais déjà beaucoup aimé Mademoiselle Else (éditions Delcourt) mais je dois avouer qu'avec sa nouvelle BD Cinq mille kilomètres par seconde, Manuele Fior rentre direct dans mon petit panthéon bédéesque. Sans aucun doute plus personnel, ce roman graphique nous emmène dans l'histoire intime de trois personnages. Au début du récit, Piero et Nicola sont deux ados aux destinées contraires. L'un est discret, doué à l'école, timide avec les filles, l'autre est dragueur, grande gueule et sans ambition. Les deux sont tout de même tout le temps collés ensemble et ils s'ennuient plus ou moins dans leur ville natale. C'est à cet instant qu'arrive dans leur vie Lucia une jeune voisine qui leur fera tourner la tête...

    Au fil de l'album, nous retrouvons ces trois personnages à différents moments de leurs vies. Leur destin va se croiser et leurs chemins irrémédiablement se retrouver... Plus qu'une histoire traditionnelle, Fior réalise ici une chronique de trois vies, pas forcément palpitantes, juste trois vies communes. Il trouve et décrit avec beaucoup de justesse les mots et les images qui évoquent les regrets d'une vie pas vraiment réussie, de rêves pas pleinement accomplis.

    Manuele Fior signe là une bande dessinée forte, intimiste et émouvante, où son dessin prend toute son envergure. A découvrir d'urgence !